Personne, à moins d’avoir un cœur de pierre, ne lira jamais sans émotion l’histoire de ce fils prodigue qui, au fond de sa misérable situation, s’est penché sur son péché et a choisi de revenir à la maison paternelle. Et ce n’est que Dieu seul qui a pu concevoir l’extrême miséricorde avec laquelle le père accueille son fils pécheur, sincèrement repenti.
Au bout du péché et de la douleur, il y a souvent l’heure de la miséricorde divine pour le pécheur… De nos jours, cette parabole rayonne plus que jamais comme une splendide espérance. Ci-dessous, l’histoire racontée par le Père Augustin Berthe.
Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : « Mon père, donnez-moi la part de biens qui doit me revenir. Le père lui donna sa part, et le malheureux jeune homme, peu de jours après, partit pour un pays lointain, où il vécut dans la débauche avec ses compagnons et dépensa tout son avoir.
Il se voyait absolument sans ressource, quand une grande famine désola cette contrée, de sorte qu’il n’avait pas de quoi manger. Ne sachant que faire pour vivre, il entra au service d’un habitant du pays, qui l’envoya à sa ferme garder les pourceaux. Et encore lui refusait-on un morceau de pain, si bien que, dans sa détresse, il jetait un œil d’envie sur les fèves grossières qu’on jetait aux pourceaux, et personne ne lui en donnait.
Dans la souffrance, le fils se repent
Alors rentrant en lui-même, il s’écria : « combien de mercenaires, dans la maison de mon père, ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim ! Eh bien ! je me lèverai, je retournerai à mon père, et je lui dirai : « Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous, je ne suis plus digne d’être appelé votre fils, mettez-moi au nombre de vos serviteurs » ». Et à l’instant même, il reprit le chemin de la maison paternelle.
Il était encore bien loin quand son père l’aperçut et le reconnut sous ses haillons. Ému de compassion, il courut vers son fils, se jeta à son cou, et le tint embrassé. « Mon père, disait le jeune homme en sanglotant, j’ai péché contre le ciel et contre vous, je ne suis plus digne d’être appelé votre fils. »
Le pardon du père
Mais le père avait tout oublié. « Vite, criait-il à ses serviteurs, apportez la plus belle robe et qu’on l’en revête ; mettez-lui l’anneau au doigt et des sandales aux pieds ; tuez le veau gras, et faisons fête, car mon fils était mort et le voilà ressuscité ! »
Cette fois, les pharisiens ne trouvèrent rien à objecter contre la miséricorde envers les pécheurs, car les assistants leur eussent répondu par leurs larmes. Cependant, pour faire mieux ressortir encore la dureté de ces égoïstes, Jésus les mit en scène en terminant cette histoire.
L’attitude du fils aîné
Tous étaient donc assis dans la salle du festin, continua le Sauveur, et grande était la joie parmi les convives, quand le fils aîné revint des champs, ne sachant rien de ce qui s’était passé. Surpris d’entendre le bruit des instruments de musique et des danses joyeuses, il demanda aux serviteurs ce que signifiaient ces réjouissances. « Votre frère est revenu, lui dit-on, et votre père a fait tuer le veau gras pour fêter son retour. »
À cette nouvelle, le jeune homme indigné ne voulut pas entrer dans la maison. Le père sortit pour le calmer et le conjurer de prendre part à la fête, mais il lui répondit avec colère : « Voilà tant d’années que je vous sers sans transgresser le moindre de vos ordres, et jamais vous ne m’avez donné un chevreau pour que je le mange avec mes amis. Au contraire, votre fils vous revient après avoir dissipé tout son bien avec des courtisanes, et vous tuez le veau gras à son arrivée. » – « Mon fils, répondit le bon vieillard, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi. Aujourd’hui il faut faire fête et se réjouir, parce que ton frère était mort, et le voilà ressuscité ; il était perdu, et le voilà retrouvé. »
Jésus avait dépeint sa divine bonté dans ce père qui pardonne au prodigue, et le dur égoïsme des pharisiens dans ce frère qui ne pense qu’à lui-même et s’indigne de l’accueil fait au pauvre pécheur. »
Source : « Jésus-Christ, sa vie, sa passion, son triomphe », par le Pe Augustin Berthe. Les intertitres sont de notre rédaction.