St Pierre-Julien Eymard, en véritable orateur qu’il était, savait s’adapter à son auditoire et exprimer sa doctrine sur l’Eucharistie à travers des rapprochements empruntés à la vie courante.
Les abaissements de Jésus : la justice exige sa glorification
Saint Paul affirme que si Dieu a souverainement exalté Jésus-Christ et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom, c’est parce qu’après s’être anéanti, en se rendant semblable aux hommes, il s’était encore abaissé lui-même, en obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
Or ce que Dieu a fait pour Jésus-Christ rédempteur en le couronnant roi de gloire, nous devons, autant qu’il est possible, le faire pour Jésus-Christ au Saint-Sacrement.
Laissons à Dieu le Père de récompenser, par le triomphe du Ciel, les souffrances de son Fils au Calvaire. Pour nous, honorons, glorifions Jésus-Christ où il est, sur la terre ; en compensation de ses nouveaux abaissements, il mérite gloire, honneur, service. C’est justice.
Qu’on le demande ou non, Jésus demeure par bonté dans l’Eucharistie
Si un roi allait voir un pauvre, malade, ce serait une grande bonté, la preuve d’un grand amour, qui lui vaudrait une vive reconnaissance. Eh bien ! Notre-Seigneur ne mérite-t-il pas autant et plus ?
Après tout, ce souverain n’est qu’un homme, et il aura, à son tour, besoin qu’on l’assiste. Notre-Seigneur n’a besoin de rien ni de personne. Mais, descendant du Ciel, il vient visiter les hommes. Qu’ils le demandent ou non, il le fait par pure bonté, même sans être désiré. Et cela, non pas en passant, mais il demeure avec nous. Un roi ne le pourrait pas. Notre-Seigneur le fait. Lui, heureux au Ciel, il choisit aussi, comme séjour, la terre, et il assure qu’il trouve ses délices parmi les enfants des hommes. Pourtant il sait où il va. Un roi pourrait se tromper. Notre-Seigneur, non.
Alors ne devons-nous pas compenser pour le peu d’honneur et d’amour qu’il reçoit en réalité ?
Malgré les ingratitudes, Il se donne à tous comme s’Il n’avait pas souci de son honneur
Qui ne serait touché d’une visite royale, reçue dans la misère où il se trouve ? Notre-Seigneur seul n’est pas même remercié. Il fait des merveilles de charité, dont lui seul est capable. On ne les regarde pas, on ne les apprécie pas. C’est à peine si on le reconnaît à l’heure de la mort.
Dans les rapports de société, il est honteux d’être ingrat. Pour Notre-Seigneur, on dirait qu’il y a un commandement de l’être.
L’amour, quand il atteint un certain degré, veut rester, coûte que coûte, avec ceux qu’il aime, même sans en être aimé ; une mère ne laisse pas un fils idiot, une épouse un mari frénétique.
Ainsi Notre-Seigneur demeure avec nous, malgré toutes les ingratitudes humaines. Il se donne à tous, comme s’il n’avait pas souci de son honneur. C’est effrayant d’y penser. Au jour du jugement, que l’on tremblera de voir, de comprendre enfin tant d’amour !
Le 17 juin 1868 il a prêché à Paris sur les abaissements de Jésus dans l’Eucharistie. Nous reproduisons ici la première partie. Les intertitres sont ajoutés par la rédaction.
Source : « La Sainte Eucharistie – la présence réelle », Bienheureux Pierre-Julien Eymard.