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Les bienfaits du Cœur de Jésus: la Rédemption

La moindre des actions de l’Homme-Dieu, appliquée à l’humanité, pouvait la racheter, car toutes avaient un mérite infini. Mais après être descendu pour nous du ciel jusqu’à la terre, Jésus n’allait pas nous marchander ni son sang, ni sa vie. S’offrir à l’immolation complète comme les anciennes victimes, livrer son corps au plus ignoble supplice, son âme à tous les déchirements, verser son sang jusqu’à la dernière goutte, ce n’était plus rien pour lui. Et cependant, quelle vie que celle d’une telle victime ! Et quel sang que celui-là !« Qu’est donc l’homme, Seigneur, s’écrie Job, pour que vous fassiez en lui de si belles choses et que vous rapprochiez ainsi de lui votre cœur ? »  (Job, VII, 17) Ah ! répond saint Augustin, c’est que précieuse est l’âme de l’homme. Le premier don que Dieu nous avait fait était si grand qu’il n’a pas trouvé que ce fût trop du second, c’est-à-dire de lui-même, pour la racheter. Ainsi, Dieu a tant aimé le monde, dit saint Jean, qu’il lui a donné son Fils unique (Jn. III, 16). Dieu ne t’a-t-il pas prouvé ainsi qu’il t’aime infiniment, continue saint Augustin, lorsqu’il s’est fait homme pour toi et qu’il a donné tout son sang, après que, dans ton orgueil et ta malice, séduit par l’esprit de ténèbres, tu t’étais perdu pour l’éternité !  Si donc tu a été tenté jusqu’ici de ne pas croire à ton Créateur, qui ne cesse cependant de t’en donner des preuves, crois du moins aujourd’hui à ton Rédempteur ; crois à son sang divin versé pour toi sur le Calvaire. Interroge-le, il te répondra ; il te dira s’il était possible de t’en donner une plus forte preuve.

Béni soyez-vous, ô Jésus ; vous n’avez point racheté les anges rebelles et vous nous avez rachetés. Vous avez creusé pour eux l’abîme de l’enfer, et vous avez ouvert pour nous le miséricordieux abîme de votre cœur.

Mais alors, ô Seigneur, à double titre nous vous appartenons. Brebis échappées du bercail, nous étions allés nous livrer à un autre maître, à un maître odieux ; vous nous avez rachetés de ce dur esclavage, et rachetés à quel prix ! Nous sommes bien à vous. Ravir le bien d’autrui est un crime ; nous soustraire à votre souveraineté, ce serait ravir le bien d’autrui, car vous avez acheté notre cœur.

Et cependant, telle est votre bonté que, loin d’exiger par la force ce qui vous est dû, vous le demandez tendrement, vous voulez le tenir de notre bon vouloir : Mon fils, donne-moi ton cœur (Prov. XXIII, 26). Ou bien : Je me tiens à la porte et je frappe (Apoc. III, 20). Qui donc pourrait ne pas ouvrir ? Hélas ! Beaucoup cependant n’ouvrent pas ; l’amour n’est pas aimé. Dieu n’est la pensée dominante que pour le petit nombre ; les autres passent à côté de lui sans le voir, vivent en lui sans le sentir, ou bien ne font de lui – hélas ! – qu’un accessoire dans leur vie.

Quelles étranges créatures nous sommes ! Nous poursuivons le moins quand ce moins est difficile à saisir, nous échappe ou nous trompe, et nous dédaignons le plus, quand ce plus nous recherche, nous veut, nous attend, nous désire. O mon Dieu, comme nous avons défiguré l’ouvrage de vos mains !

Nous ne suivrons pas cette foule qui ne marche pas dans la voie. Nous venons à vous car c’est vous qui êtes la voie et nul ne va au Père que par vous ; nous venons à vous car vous nous avez chèrement achetés. Régnez, ô mon Seigneur, régnez en maître souverain sur cette âme qui est toute à vous, sur ce corps dont toutes les forces sont à votre service, sur ce cœur dont tous les battements vous appellent. Je ne veux plus rien distraire de ce qui vous appartient : j’aime mon esclavage et j’adore mon Maître.


Source : « Mois du Sacré Cœur »