La malheureuse fille de Louis XI, mariée au duc d’Orléans son cousin malgré son vif désir de se consacrer à Dieu, répudiée ensuite par son époux devenu roi, quoiqu’elle lui eût sauvé deux fois la vie, trouva enfin dans le Cœur de Jésus l’asile de paix et de bonheur que le monde lui avait refusé.
Sur le conseil de la Sainte Vierge Elle-même, elle fonda l’Ordre des Annonciades. Là elle se consacra à Jésus-Christ et donna jusqu’à sa mort l’exemple de l’abnégation la plus complète et de la plus profonde humilité.
Vers la fin de sa vie, elle eut une vision dans laquelle les hommes doctes et religieux à qui elle en rendit compte virent non seulement une faveur personnelle, mais un appel à la France et au cœur de tous les chrétiens.
Jeanne venait de communier. Elle se sentit transportée dans un lieu resplendissant de lumière et présentée par la Mère de Dieu à son Fils. Bientôt, elle se trouva assise sans savoir comment devant une table préparée pour trois personnes. Devant elle sur une large coupe, d’une beauté merveilleuse, reposaient deux cœurs : « Prenez, ma fille, dit alors la Vierge, prenez ces aliments divins, et nourrissez-en votre âme. Prenez-les pour vous, pour la France, pour ce peuple dont je suis la souveraine ; c’est dans ces deux cœurs qu’il trouvera l’espérance et le salut. »
Jeanne se disposait à obéir lorsque Jésus-Christ l’arrêta. « Eh quoi, mon épouse, dit-il, ne mettrez-vous rien de vous ? – Hélas ! mon aimable Maître, répondit-elle, qu’y a-t-il en moi qui soit digne de vous être présenté ? – N’avez-vous pas un cœur ? reprit Jésus. »
« Il me sembla en ce moment, continuait Jeanne en rendant compte de sa vision, il me sembla que ma main cherchait dans ma poitrine, mais elle cherchait en vain ; je n’y trouvai plus mon cœur. »
Source : « Mois du Sacré Cœur de Jésus ».