Après la méditation sur la fête de l’ Assomption, Madame Louise de France a fait une belle adaptation du Salve Regina pour s’adresser à la Sainte Vierge, en union avec tous les sujets du royaume qui avait été consacré à Marie par son ancêtre.
Paraphrase du Salve Regina
Pénétrée comme je dois l’être de la plus vive reconnaissance pour tout ce que je dois, Vierge Sainte, à votre cœur maternel, je ne puis m’acquitter plus dignement qu’en empruntant, dans ce glorieux jour, les sentiments de l’Eglise, cette épouse chérie de votre Fils bien-aimé.
Je vous salue dans ce haut comble de gloire où vous avez été élevée par votre Assomption. Je vous reconnais pour ma souveraine après Dieu, et comme ma mère auprès de lui. C’est par vos mérites et par votre intercession que j’espère recouvrer la véritable vie de mon âme, la grâce et l’amour de Jésus, votre Fils, et avec ces biens uniquement dignes de mes désirs, la paix, la consolation, la force, la persévérance dans son service.
Condamnée à couler tous mes jours dans un monde qui n’est pour moi qu’un séjour d’exil, fille d’Adam, fille du péché, j’ai recours à vous, Mère d’un Dieu mort pour moi. Ecoutez mes gémissements et mes cris ; daignez les porter, les faire entendre à ce Cœur divin, que sa miséricorde y a rendu tant de fois sensible et qui ne demande qu’à les exaucer.
Le sang qu’a versé pour nous ce charitable Médiateur, intercède sans cesse pour moi, je le sais, et ma foi me l’apprend. Mais, hélas ! tant d’abus que j’en ai faits, et que j’en fais encore si souvent, me rendent indigne de paraître au trône de sa clémence ; Vous seule, ô Mère de miséricorde, pouvez fléchir mon juge, et me rendre sa faveur !
Quelque profondément invétérées, quelque multipliées que soient mes misères spirituelles, elles ne rebuteront point vos bontés.
Je suis résolue à ne plus aimer rien de ce que votre Fils a pu haïr dans moi ; voilà sur quoi je fonde les vœux que je vous adresse. Jetez donc sur moi un regard miséricordieux, pour que j’obtienne de mon Sauveur un de ces mêmes regards propices, unique bonheur que j’ambitionne ; vous n’avez été choisie, prédestinée, glorifiée au-dessus de toutes les créatures, que pour me les procurer.
Dès ce monde j’en goûterai les fruits, par ces heureuses dispositions qui font la richesse d’une âme en grâce, et après le court pèlerinage que j’ai à passer sur la terre, je célébrerai à jamais les bienfaits de votre clémence, de votre douceur, de votre miséricorde.
Que j’en éprouve donc, ô ma tendre mère, les constants et salutaires effets de votre protection ! Je les partage, ces dons de votre Fils, ces abondantes bénédictions, avec tous les sujets d’un royaume, qui, dans ce jour, vous a été dévoué par une confiance spéciale (1), avec le monarque dont les intérêts sont si chers à mon cœur, avec une famille qui se fait gloire d’être la vôtre, avec tous les fidèles qui professent et qui défendent votre culte.
Soyez toujours, Vierge Sainte, dans l’usage de mes grandeurs, ma protectrice et mon modèle ; dans mes dangers, mon appui et mon refuge ; dans mes travaux pour le ciel, mon soutien et mon espérance. Ainsi soit-il.
(1) Le vœu solennel de Louis XIII consacrant la France à la Sainte Vierge.
Source : « Méditations de Madame Louise de France », par l’abbé E. Bernard.