Dans la crise qui atteint l’institution de la famille en ce début de XXIe siècle, il est utile de rappeler les solides et pérennes enseignements de l’Eglise catholique sur le devoir des parents auprès de leurs enfants pour la préservation de la religion et des mœurs. L’application de ces principes par les parents portera en conséquence ses fruits bénéfiques dans la société entière.
Dans ce sens, nous reproduisons des extraits des conférences données par l’abbé Gibier pendant l’année 1901, à la messe des hommes de Saint-Paterne, à Orléans.
Les temps sont mauvais
Parfois le flot du mal vient battre le seuil de vos maisons ; il fait des victimes parmi ceux que vous aimez ; vous poussez des cris d’effroi ; vous versez des larmes amères… et je connais des parents dont les cheveux ont blanchi, dont la vie a été abrégée sous le coup de ces catastrophes domestiques.
Que faire donc ? Gémir ? Mais les gémissements sont stériles, les larmes versées sur des morts ne les raniment pas. Vous résigner ? Vous abstenir et vous croiser les bras ? Vous asseoir sur le bord de la rivière et attendre qu’elle ait cessé de couler ? Mais le torrent du siècle va vous saisir et vous emporter, vous et les vôtres, dans les abîmes de l’impiété et de la corruption. Oui, les temps sont mauvais, les exemples entraînants, la pente glissante et rapide. Eh bien ! plus on descend bas à côté de vous, plus vous êtes obligés de monter haut pour ne pas descendre ; plus vos enfants sont menacés par un siècle corrompu et fatalement corrupteur, plus vous devez les défendre par une vigilance héroïquement attentive.
La religion est l’âme du foyer
Jésus-Christ, le Dieu vivant et véritable, réclame chez vous la première place. Qu’il y soit connu, adoré, aimé, servi. Arrêtez toute parole ou tout acte contraire à sa loi, et que par vos soins toute vertu s’épanouisse sous l’action de son invisible présence.
Veillez sur le seuil de votre famille ! Armez-vous des saintes rigueurs que commande l’amour bien entendu de vos âmes et des âmes qui vous sont confiées, et repoussez impitoyablement ces livres malsains qui distillent la corruption, ces journaux qui tuent avec le respect des saintes choses, l’innocence et la vertu, ces compagnies suspectes, ces amitiés dangereuses, ces visiteurs perfides qui d’un mot peuvent détruire votre image et combattre votre pensée au fond de l’âme encore naïve de vos enfants stupéfaits. Par votre incurie, par vos timidités, ne vous faites pas les complices des pires ennemis de votre foyer.
Veillez sur vos fils et vos filles
Vous ne pouvez pas les suivre dans le milieu où ils vont vivre. Tâchez au moins de les avertir, de les prémunir, de les armer, de les encourager s’ils hésitent, de les aguerrir s’ils reculent, de les relever s’ils tombent, et de les guérir s’ils sont blessés dans la lutte. Et répétez sur eux la parole du Christ à son divin Père : « Seigneur, je ne vous demande pas de les enlever du monde, mais de les préserver du mal qui est dans le monde ! »
Chers enfants, ce que Dieu garde est bien gardé. Il y a dans le ciel et dans l’Eucharistie une puissance qui dépasse la puissance de vos pères, une tendresse qui dépasse la tendresse de vos mères. C’est Dieu !… Il est à vous aujourd’hui, soyez à lui toujours ! Restez dans ses bras et sur son cœur, et traversez les orages de la vie doublement protégés par la vigilance de vos parents et par l’amour de votre Dieu.
L’œil de votre père et la main de votre mère ne vous suivront pas partout. Mais le Dieu de votre douzième année ne vous délaissera jamais, et au milieu des luttes les plus ardentes, dans les régions les plus lointaines, à votre dernière heure, vous pourrez chanter encore le cantique de la première communion :
« Je ne crains rien, mon Dieu combat pour moi. Amen ! »
Source : « La désorganisation de la Famille », par l’abbé Gibier.