Avant d’expliquer l’obéissance d’amour que les hommes doivent à Dieu, le Père Auguste Hamon explique dans son « Histoire de la dévotion au Sacré Cœur » l’extrême bonté et miséricorde que le Christ manifeste à travers Sa royauté.
Dieu agit par amour, seulement par amour, Il a créé par amour, Il aime toutes les créatures, Il les aime et veut être aimé de celles qui sont capables de Lui rendre amour pour amour.
Jésus-Christ, Fils de Dieu, agit par amour comme Son Père, comme Lui, Il aime toutes les créatures ; Il ne règne sur elles que pour leur bonheur, pour les mieux aimer. Par cet amour, Il veut les élever à l’amour de la bonté divine, de l’Amour infini.
« Il est roi, dit saint Augustin, pour gouverner les âmes, défendre leurs intérêts éternels et conduire dans le Royaume des cieux ceux qui ont mis en Lui leur foi, leur espérance, leur amour. Si donc le Fils de Dieu… a voulu être roi…, ce n’est point une élévation pour Lui, c’est un acte de bonté pour nous, c’est un témoignage de miséricorde plutôt qu’un accroissement de puissance (1). »
C’est donc par amour et pour l’amour que le Christ veut être roi. Le bien du peuple est la seule raison d’être de toute royauté !
« Je porte les yeux, dit magnifiquement Bossuet, jusque sur Dieu même, et de cette majesté infinie, je vois tomber sur les rois un rayon de gloire que j’appelle la royauté. Et pour dire plus clairement ma pensée, je soutiens que la royauté, à la bien prendre, qu’est-ce, fidèles, et que dirons-nous ? C’est une puissance universelle de faire du bien aux peuples soumis : tellement que le nom de roi, c’est un nom de père commun et de bienfaiteur général ; et c’est là ce rayon de divinité qui éclate dans les souverains (2). »
Ce rayon de divinité, cette puissance universelle de faire du bien est un rayon d’amour universel. Parce qu’Il est roi, le Christ est roi d’amour.
Toute Sa vie, Il a multiplié les dons de Sa puissance royale, les preuves de Son amour ; père commun, Il est le bienfaiteur de tous.
Dilexit me et tradidit semetipsum pro me (3). « Il m’a aimé et s’est donné tout à moi. » L’enfant de la crèche de Bethléem, l’exilé d’Egypte, l’adolescent de Nazareth, le missionnaire des campagnes de Judée et de Galilée, le martyr du Golgotha, le ressuscité de Pâques, c’est, dans la pauvreté, la souffrance, le travail, l’ignominie, la mort et la gloire, mon roi d’amour.
Dilexit me ; Il fait tout pour moi, Il n’est roi que pour mon bonheur. Il a voulu, pour mieux encore dire Son amour, au soir du Jeudi-Saint, à la veille de Sa mort, inventer la sainte Eucharistie. L’amour demande la présence mutuelle, au tabernacle, Il reste au milieu de Ses sujets : le jour, la nuit, dans tous les temples de la terre. L’amour demande le don de soi, l’immolation : Il s’immole perpétuellement sur l’autel. L’amour demande l’union de ceux qui s’aiment : « Prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, ceci est mon sang. » « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui »(4).
La royauté du Christ est bien une royauté d’amour.
Notes :
1. St Augustin, In Joan., tr. 51, n. 4 Cf. Le Règne social du Sacré Cœur. Exposé doctrinal de Mgr Nègre, archevêque de Toulouse.
2. Second Sermon sur la Circoncision de Notre Seigneur.
3. Gal., 2
4. Mat., 10, 37.
Source : extrait de l’« Histoire de la dévotion au Sacré Cœur », A. Hamon