L’obéissance à Dieu : voilà un aspect de la dévotion au Sacré Coeur que l’amour propre de l’homme tendra toujours de contourner. Belle synthèse du jésuite Jacques Nouet S.J.
A mesure qu’il croissait en âge, le divin Maître allait toujours s’abaissant de plus en plus : « Il montait, dit Isaïe, comme la racine » qui s’enfonce autant dans la terre, qu’elle pousse son tronc vers le ciel. Il était semblable, selon Richard de Saint-Laurent, « au lis des vallées qui plie la tête à mesure que sa tige monte, comme pour montrer qu’elle respecte le ciel, en l’avoisinant ».
A l’âge de douze ans, son humilité le rendit obéissant à ses parents ; à l’âge de trente ans, elle le soumit à son Précurseur ; mais à la fin de sa vie, elle le mit aux pieds de Judas, et l’anéantit jusqu’à la mort de la croix…
« Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur »
Eh ! Seigneur, est-ce à cela que se réduisent tous les trésors de votre sagesse ?
« Je pensais, dit saint Augustin, que vous m’apprendriez tous les secrets et tous les trésors cachés de votre Providence, la dispensation de vos grâces, les profonds abîmes de vos jugements. J’espérais que vous m’enseigneriez à faire des miracles, à remplir le monde de prodiges et de merveilles ; vous ne me montrez rien de tout cela, mais seulement à être doux et humble de cœur »…
L’humilité de Jésus avait le privilège de régner dans le Coeur d’un Dieu, et d’être née dans la fournaise de la charité.
L’amour-propre est la source de l’orgueil, et son premier mouvement est le désir de sa propre excellence ; mais l’amour divin tend à la gloire de Dieu et à l’anéantissement de la créature…
Obéissance à Dieu… toute sa vie, Jésus n’a fait autre chose !
Il n’y a que le Coeur de Jésus, où l’amour-propre n’a jamais trouvé place et ne pourrait en trouver, parce que, son âme étant unie au Verbe et n’ayant pas ce « moi » des hommes qui fait tout le désordre de l’amour-propre, Il ne pouvait avoir d’amour pour sa personne, qui ne fût divin…
« Il est écrit de moi en tête de votre livre, que j’accomplirai votre volonté ; je l’ai voulu, ô mon Dieu, et votre loi est gravée dans l’intime de mon coeur. » (Psaume 34)… Demandez-vous ce que le Fils de Dieu a fait toute sa vie ? Il a obéi. Quelles vertus il a pratiquées ? L’obéissance. Quelle doctrine il a enseignée ? Celle de l’obéissance. Quel a été le but de ses desseins et le centre de ses désirs ? L’obéissance : « Et votre loi est gravée au milieu de mon coeur. »
« Il n’a pas mis les commandements de son Père en quelque coin, dit le Cardinal Hugues, mais au milieu de son Coeur. »
Plusieurs mettent la loi de Dieu hors de leur coeur par leur désobéissance, d’autres la mettent en quelque coin, les plus vertueux sont ceux qui la mettent près de leur coeur ; mais Jésus-Christ la portait au fond de son Coeur, où est la source de la vie.
Les délices de l’obéissance
C’était pour Lui la même chose que d’obéir et de vivre : « La loi pour le sage est la fontaine de la vie. » Il la tient au milieu de son coeur, comme les fontaines sont au milieu des villes, comme l’esprit vital est au milieu du coeur. Elle donne la vie à toutes ses puissances et anime toutes ses actions. Voilà pourquoi l’obéissance faisait tout l’emploi de la vie de Jésus…
C’est la nourriture des anges que d’obéir à Dieu, ce sont les plus grands délices des bienheureux, ce sont les délices de Jésus ; « ce doivent être les nôtres, dit saint Ambroise, si nous voulons être du nombre de ses amis et de ses élus. » (Jacques Nouet, S.J., XVIIe siècle). (1)
(1) Le chrétien à l’école du Coeur de Jésus.
Source : « Exercices Spirituels en l’honneur du Sacré Coeur pour chaque semaine de l’année » par Ch. G. Kanters. Intertitres ajoutés par la rédaction.