Le cœur est l’organe de l’amour, parce qu’il est affecté par les passions, mouvement de l’âme ; mais, centre de la circulation, moteur qui envoie dans toutes les parties du corps le sang, cette chair coulante, portant la santé et la vie, il peut être considéré aussi comme le dispensateur de la force physique, comme l’emblème de la force morale. La vertu qui, du Cœur de Notre Seigneur, se répandra sur nous, produira, avec la flamme de l’amour, avec la lumière de la sagesse, la force de la volonté. Nous en avons besoin car ce n’est pas tout de connaître et d’aimer le bien : il faut encore aller vers lui de toutes ses forces, il faut le pratiquer.
La vie de l’homme est une lutte (Jb VII, 1). Aussi, tout effort pour vivre saintement a-t-il reçu le nom de vertu : virtus, courage, force. On ne vit pas sans combats, parce que l’unité n’existe pas sur notre terre. Il y a toujours un combat en nous-mêmes entre la chair et l’esprit, l’une nous attirant pesamment vers la terre, l’autre nous emportant dans la région des anges ; il y a combat autour de nous, entre notre volonté et les influences du monde, la foi et le respect humain, l’attrait des choses sensibles et le désir des surnaturelles, les suggestions du démon et la voix de notre conscience. Nous ne pouvons pas combattre seuls les bons combats, vaincre la chair par l’esprit, le monde par l’amour de Dieu, fouler aux pieds les réalités terrestres en vue des réalités de la foi. Non ! Mais « je puis tout, dit saint Paul, en Celui qui me fortifie. » Le Cœur de Jésus uni au cœur de l’homme remportera la victoire.
La vie est une épreuve qui doit nous permettre de mériter le Ciel. Cette épreuve consiste en des tentations et des croix de toutes sortes. Ce sont, pour les uns, des revers de fortune et de rudes labeurs ; pour d’autres la maladie, des relations pénibles avec le prochain ; pour celui-ci, les souffrances intimes et les déchirements du cœur ; pour celui-là, les humiliations de l’esprit et le mépris des hommes. Adversités extérieures ou peines intérieures, isolement moral, aridités spirituelles, violentes tentations, frayeurs de Dieu, tout cela ne peut se supporter naturellement. Si l’âme est livrée à elle-même, elle succombera sous le poids. Mais « ne crains rien, dit Notre Seigneur à sainte Marguerite-Marie, tu ne manqueras de secours que quand mon cœur manquera de puissance. » Oh ! La rassurante parole ! Il n’y a qu’à demander du secours et nous sommes sûrs de l’avoir.
Pour nous encourager, Jésus a consenti à être Lui-même tenté. Il a triomphé du triple amour des plaisirs, des honneurs, des richesses, qui est l’éternel appât par lequel Satan prend les âmes. Il en a triomphé en lui opposant la parole et la loi de Dieu ; usons donc du même moyen. « O Dieu amour, disait David, vous êtes ma muraille et mon rempart ; c’est de vous que me vient le secours » (Ps CXX, 1).
Oui, Dieu se dresse entre nous et l’épreuve, et son assistance nous empêche de succomber au désespoir ; Il se dresse entre nous et les menaces de la terre, et la pensée de la justice divine nous empêche de trembler devant l’injustice humaine. « Vous êtes mon appui, mon refuge », ajoute le prophète. Oui, soutenu par l’Esprit qui est venu en moi, je me mets à l’abri près de Vous, et pour ne pas tomber je m’appuie contre Votre cœur ; là, que pourrai-je craindre ?
Il faut porter nos croix en union avec Jésus et les porter avec le même cœur qui soutenait la sienne. Qu’est-ce que le courage et la force d’âme, sinon la domination d’un cœur qui se rend maître des forces physiques comme des épouvantes de l’esprit, et qui marche, sans tenir compte de rien d’autre, là où l’appelle son amour ?
La vie est une tâche à remplir : le chrétien ne doit pas seulement supporter l’épreuve et la souffrance ; il doit agir, faire le bien, prouver son amour par des actes. Ne faudra-t-il pas là un levier plus puissant encore ? Cette grâce de force, un sacrement nous l’apporte d’une manière particulière : c’est la confirmation, qui nous donne le Saint-Esprit ; mais l’habitude de recourir au Cœur de Jésus entretient cette grâce en nous et l’augmente, car ce sont les mérites du divin Cœur que le Sacrement nous applique.
Uni intimement à Jésus, il faut pouvoir dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi. » Nul obstacle alors ne m’effraye, car je dispose de la force d’un Dieu. « Je vous aimerai, Seigneur, Vous qui êtes ma force » (Ps XVII, 2).
Sacré Cœur de Jésus, j’ai confiance en Vous !